Editions : NIL(2012)
Nombre de Pages : 492
Résumé : À Edgecombe St. Mary, en plein coeur de la campagne anglaise, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l’heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger pas plus qu’à son sens du devoir et à son extrême courtoisie, aussi désuète que touchante, qui font de lui l’archétype même du gentleman anglais : raffiné, sarcastique et irréprochable. Dans ce petit village pittoresque où les cottages le disputent aux clématites, le major a depuis trop longtemps délaissé son jardin. Désormais veuf, il a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf fuyant leurs dames patronnesses. Ce n’est guère son fils, Roger, un jeune londonien ambitieux, qui pourrait le combler de tendresse. Mais, le jour où le major apprend le décès de son frère Bertie, la présence douce et gracieuse de Mme Ali, veuve elle aussi, va réveiller son coeur engourdi. Tout devrait les séparer, elle, la petite commerçante d’origine pakistanaise, et lui, le major anglais élevé dans le plus pur esprit britannique. Pourtant leur passion pour la littérature et la douleur partagée du deuil sauront les réunir. Ils vont, dès lors, être confrontés aux préjugés mesquins des villageois, où le racisme ordinaire sévit tout autant dans les soirées privées, sur le parcours de golf, à la chasse, sur les bancs de messe que dans les douillets intérieurs. Et les obstacles seront pour eux d’autant plus nombreux que leurs familles s’en mêlent : Roger s’installe dans un cottage voisin avec Sandy, sa petite amie américaine, et le neveu de Mme Ali, musulman très strict rentré du Pakistan, se découvre un enfant caché…
C’est avec beaucoup de charme et d’intelligence que Helen Simonson s’empare du thème des traditions pour montrer combien elles peuvent être à la fois une valeur refuge et un danger. Il se dégage de son roman une atmosphère so british qui enchante. Reste une question : votre tasse de thé, vous le prendrez avec un nuage de lait ou une tranche de citron ?
Mon avis : Tout d'abord je souhaite remercier Livraddict et les éditions NiL pour ce partenariat.
J'ai été, dans un premier temps, totalement charmée par la couverture douce et un peu "vieillotte" du roman. Ces couleurs pastels et ses manteaux enlacés m'ont donné de suite envie de découvrir ce livre, avant même de lire le résumé !
Et le roman est vraiment à l'image de cette dernière. Dès les 1ères lignes, le lecteur est transporté dans cette campagne anglaise, typique et pleine de charme. J'ai aimé cette ambiance bucolique très british, avec ses tasses de thé, ses parties de chasse, ses traditions et son humour pince sans rire !
Nous suivons, comme le titre l'indique, le Major Pettigrew, un homme veuf, retraité de l'armée.
Après le décès de son frère Bertie, il va se rapprocher de Mme Ali, sa voisine pakistanaise qu'il ne connait finalement que comme l'épicière du coin. Cette dernière, qui est également veuve, va l'épauler dans ce moment difficile, et une amitié va doucement naître entre eux.
Cette relation est alors très mal vue par les villageois et par leur famille car à première vue tout les oppose : leur culture, leur religion, leurs traditions...
J'ai vraiment aimé ces 2 personnages forts et hyper attachants ! Le major est un homme raffiné, respecteux, spritituel, cultivé, pudique.
Mme Ali, quant à elle, est un petit bout de femme simple, serviable, très sensible aux traditions et également très cultivée.
J'ai aimé leurs différents échanges, l'évolution de leur relation toujours pleine de tendresse et de pudeur, leur indifférence face à la pression familiale et aux cancans de leur entourage. Certaines de ces personnes sont d'ailleurs vraiment excécrables.
J'ai eu notamment beaucoup de mal avec Roger, le fils du major Pettigrew ! un homme arriviste, arrogant, égoïste... j'ai détesté ce personnage !!
"- Mais nous étions les gens qu'il fallait et voilà que nous nous sommes transformés en une drôle de smala avec une ménagerie de parasites. Nom de Dieu, il y en a une qui est pakistanaise et l'autre qui est pompette... tu as pensé à quoi là ?"
p.193
Cependant, j'ai trouvé l'ensemble beaucoup trop descriptif ! Cette avalanche de détails inutiles, gâche par moment un peu l'essence même du livre. Helen Simonson n'est pour moi pas aller à l'essentiel, ce que j'ai fortement regretté ; un peu à l'image du résumé qui, pour moi, est beaucoup trop long !
J'ai aimé le style poétique et délicat de l'auteure, mais j'ai trouvé que par endroit, cela manquait un peu de fluidité de simplicité.
"Ils pénétrèrent dans le jardin public, qui s'ouvrait par un simple parterre de chrysanthèmes, avant de se poursuivre sur deux allées qui allaient s'élargissant pour créer un espace triangulaire allongé et étroit, composé de terre-pleins sur plusieurs niveaux de terrains. En contre-bas, un kiosque à musique siégeait au milieu d'une pelouse. La toile des chaises longues vides flottait dans la brise. La municipalité venait de planter dans des bacs en béton un troisième ou un quatrième ensemble de palmiers d'ores et déjà condamnés. Il régnait au sein du bureau exécutif du conseil municipal une conviction inébranlable selon laquelle l'introduction de palmiers transformerait la ville en un paradis de style méditérranéen et attirerait une catégorie de visiteurs autrement plus hupée. Les arbres mourraient vite. Les excursionnistes d'un jour continuer d'arriver en bus - vêtus de leurs T-shirts bon marché, ils testaient leurs voix rauques contre les mouettes. A l'extrémité du jardin, sur une petite pelouse circulaire ouverte d'un côté vers la mer, un garçon fin à la peau sombre, âgé de quatre ou cinq ans taquinait une petite balle rouge de ses deux pieds." p.95
Néanmoins, j'ai passé un doux moment de lecture avec le Major Pettigrew et Mme Ali ! Une fois le livre refermé on n'oublie complètement ses descriptions ennuyeuses et on ne retient que les bonnes choses de ce livre. Une délicieuse bouffée d'air frais !
Quelques extraits que j'ai aimé tout particulièrement :
"- Ma chère madame Ali, j'aurai peine à prétendre que vous soyez vieille. Vous êtes dans ce que j'appellerais la toute première fleur de l'âge de la maturité féminine.
- Je n'ai jamais entendu personne se donner tant de mal pour appliquer, à la truelle, une telle couche de flatterie sur les rides et l'empâtement d'un âge mûr déjà très avancé, major, fit-elle. J'ai cinquante huit ans et je pense avoir basculé bien au-delà de la fleur de l'âge. Tout ce que je puis espérer désormais, c'est de sécher dans un de ces bouquets de fleurs eternelles.
- Eh bien, j'ai dix ans de plus que vous, répliqua-t-il. J'en déduis que cela fait de moi un vrai fossile". p. 94
- "Je ne crois pas que les vues les plus superbes du monde soient superbes parce qu'elles sont vastes ou exotiques, lui répondit-elle. Je crois que leur force vient de ce que l'on sache qu'elles sont restées inchangées depuis mille ans.
- Et pourant, à quelle vitesse elles peuvent se renouveler, quand on les voit à travers les yeux de quelqu'un d'autre, nuança-t-il. Les yeux d'une nouvelle amie, par exemple". p.160
"Pour sa part, le major estimait que mâcher des orties et les faire passer avec une pinte d'eau puisée dans un caniveau serait plus agréable, éventuellement, que de regarder les plumes de la veuve dansotter au-dessus d'une montagne de crème fouettée." p.196
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